En l’absence de contre-indication, les patientes atteintes d’un cancer du sein en âge de procréer peuvent bénéficier d’une préservation de la fertilité avec stimulation ovarienne contrôlée pour la cryoconservation des ovocytes/embryons avant l’administration de traitements potentiellement gonadotoxiques. Des niveaux hormonaux élevés induits par la stimulation ovarienne pourraient avoir un impact négatif sur le cancer du sein hormono-positif. On ne sait pas si la supplémentation en létrozole pendant la stimulation ovarienne (COSTLES) réduit les taux sériques de progestérone après le déclenchement de la GnRHa. Nous avons cherché à déterminer si COSTLES pourrait être utile pour les patientes atteintes d’un cancer du sein subissant une préservation de la fertilité afin de réduire les niveaux précoces de progestérone lutéale après le déclenchement de l’agoniste de la GnRH (GnRHa).
Méthodes
Toutes les femmes qui ont subi un protocole de COS avec un antagoniste de la GnRH avec un déclencheur de GnRHa ont été incluses. Le taux de progestérone sérique mesuré 12 h après le déclenchement de la GnRHa a été comparé entre les patients subissant un COS avec supplémentation en létrozole (groupe COSTLES) et les patients subissant un COS sans létrozole (groupe témoin) à des fins de préservation de la fertilité.
Résultats
Au total, 246 patients ont été inclus dont 84 patients (34,1%) dans le groupe COSTLES et 162 patients (65,6%) dans le groupe Contrôle. Tous les patients du groupe COSTLES étaient des patients BC (n = 84, 100%), tandis que le groupe témoin comprenait 77 patients BC (47,5%). Les patients des deux groupes étaient comparables. Le nombre moyen d’ovocytes récupérés et vitrifiés au stade métaphase 2 ne différait pas significativement entre les deux groupes. Les taux sériques de progestérone le lendemain du déclenchement de la GnRHa étaient significativement plus faibles dans le groupe COSTLES (8,6 ± 0,7 vs 10,5 ± 0,5 ng/mL, respectivement, p < 0,03), ainsi que les taux sériques d’E2 (650,3 ± 57,7 vs 2451,4. 0 ± 144,0 pg/mL, respectivement, p < 0,01). Cependant, le pic de LH induit par la GnRHa était significativement plus élevé dans le groupe COSTLES (71,9 ± 4,6 contre 51,2 ± 2,6 UI/L, respectivement, p < 0,01).
Conclusions
Nos résultats montrent que COSTLES pour la préservation de la fertilité chez les patientes atteintes d’un cancer du sein utilisant le déclencheur GnRHa réduit les taux sériques de progestérone par rapport à la stimulation ovarienne sans létrozole. Ces résultats encouragent l’utilisation de COSTLES dans ce contexte pour diminuer l’effet délétère potentiel de niveaux hormonaux élevés sur le cancer du sein hormono-positif.
Mots clés
Cryoconservation ; Oestrogène; Phase lutéale; Hormone lutéinisante ; Stimulation ovarienne ; Progestérone.
Auteurs : Imane Lalami, Julie Labrosse, Isabelle Cédrin-Durnerin, Marjorie Comtet, Claire Vinolas, Fabien Krief, Christophe Sifer, Maëliss Peigné, Michel Grynberg